Campus de Rimouski
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UQAR
Rimouski
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Le paysage boréal de l’est du Canada est largement dominé par des pessières d’épinettes noires. Pourtant, des peuplements rares et isolés de bouleaux blancs colonisent sporadiquement cette mosaïque forestière dominée par les conifères. Souvent localisés sur les versants de collines orientés vers le sud, ces peuplements marginaux demeurent une curiosité puisqu’ils n’ont jamais été étudiés de manière exhaustive. Avec l’accentuation des changements climatiques, on s’attend à observer une migration vers le nord de la végétation tempérée menant à un effeuillement général de la forêt boréale. Cette recherche vise donc à documenter l’origine et la dynamique écologique de ces peuplements feuillus en milieu boréal afin de prévoir leur évolution et leur répartition futures dans le biome boréal.
Dans le but de mieux comprendre leur origine et leur dynamique, la répartition des bétulaies sera analysé spatialement en premier lieu afin d’en comprendre le patron de colonisation sur un gradient latitudinal dans la forêt boréale. Par la suite, l’étude vise à établir une description des bétulaies blanches en caractérisant leur composition (végétation contemporaine et structure du peuplement) et en analysant le potentiel de régénération des espèces ligneuses sous le couvert forestier. Finalement, l’étude reconstituera l’historique de la végétation et des feux du peuplement à une échelle plurimillénaire (Holocène) et récente (dernier feu).
Le secteur d’étude se situe dans l’est du Canada, le long d’un transect qui s’étend de Baie-Comeau jusqu’au nord du réservoir Caniapiscau. Une vingtaine de sites ont été sélectionnés dans la forêt boréale fermée (sapinière à bouleau blanc et pessière à mousses) et ouverte (pessière à lichen et toundra forestière) afin de représenter un gradient latitudinal permettant d’étudier les limites de la répartition des bétulaies en forêt boréale. Une analyse spatiale du territoire a permis de sélectionner au préalable des sites ayant une forte couverture de feuillus (>80%) enclavés dans des peuplements résineux (pessière, sapinière).
Les sites ont été sélectionnés afin d’optimiser la présence de bouleaux blancs dans le paysage boréal à l’aide de cartographie informatique, d’images satellitaires et d’observation sur le terrain. Sur chaque site, une parcelle-échantillon de 400m2 est établie afin de documenter la composition de la végétation, la structure d’âge, la régénération et les conditions édaphiques des bétulaies. L’analyse macrofossile des charbons de bois du sol est employé pour reconstituer l’historique des feux du peuplement. À cette fin, 15 carottes de sol minéral et d’hummus de surface sont échantillonnés et tamisés afin d’en extraire les charbons de bois qui seront identifié à l’espèce, puis datés au radiocarbone. Cette procédure permettra d’étudier la composition forestière préexistante et de retracer l’historique de perturbation.
Très peu d’études ont exploré ce sujet, mais trois hypothèses alternatives sont proposées afin d’expliquer leur présence. Les bétulaies pourraient soit témoigner i) d’écosystèmes reliques d’une étendue ancestrale plus nordique de la sapinière à bouleaux blancs, ii) d’écosystèmes transitoires à la suite d’une perturbation récente, ou bien iii) d’états alternatifs stables qui marquent le début d’un enfeuillement de la forêt boréale.