Campus de Rimouski
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La prédation est une des forces sélectives affectant le plus le succès de nidification des oiseaux. Dans le Haut Arctique, certaines espèces aviaires utilisent une stratégie proactive contre la prédation en nichant principalement sur des îlots parsemés dans les lacs à travers la toundra. Les îlots leur procurent des refuges contre la prédation par le renard arctique, qui est le principal prédateur terrestre à l’échelle circumpolaire. Les îlots les plus éloignés de la berge et séparés de celle-ci par les plus grandes profondeurs d’eau sont sélectionnés, mais la raison de cette sélection demeure incertaine. Il est possible que ces îlots offrent un meilleur niveau de protection contre la prédation. Toutefois, le risque de prédation des nids sur les îlots-refuges présentant différentes caractéristiques physiques demeure encore peu étudié. De même, il est incertain si ce risque relatif peut aussi varier en fonction de l’abondance des proies principales du renard arctique.
Mon projet vise à mieux comprendre l’effet des caractéristiques physiques des îlots-refuges, en interaction avec les densités annuelles des proies principales du renard arctique, sur le risque de prédation des nids par le renard arctique. Pour ce faire, je quantifierai 1) les taux de prédation sur des nids artificiels disposés expérimentalement sur des îlots-refuges, et 2) les succès d’éclosion de la Bernache de Hutchins et du Goéland bourgmestre nichant sur des îlots-refuges aux caractéristiques physiques variées.
L’aire d’étude se situe sur la plaine sud de l’île Bylot (73° N, 80° W), dans le Parc national du Canada de Sirmilik. La dynamique du réseau trophique est contrôlée par la prédation, où le renard arctique est le principal prédateur terrestre. Durant l’été, ce dernier se nourrit principalement de lemmings et de Grandes oies des neiges (surtout des œufs et des jeunes). Le renard arctique dispose toutefois de plusieurs autres proies alternatives puisque plus de 35 espèces d’oiseaux nichent sur l’île durant l’été. Par ailleurs, environ 350 îlots sont géoréférencés dans l’aire d’étude, dont une majorité n'est pas occupée par les oiseaux durant l’été. Le Goéland bourgmestre et la Bernache de Hutchins sont parmi les principales espèces sélectionnant les îlots pour nicher.
Pour mon objectif 1), je réaliserai des expériences de nids artificiels en milieu naturel pendant la période d’incubation des oiseaux. Ces expériences permettront d’isoler le mécanisme de prédation par le renard arctique pour des îlots-refuges présentant différentes caractéristiques physiques. Une centaine d’expériences ont été réalisées en 2022 et une centaine d’autres seront réalisées en 2023. Pour mon objectif 2), j’utiliserai des données de succès d’éclosion des œufs du Goéland bourgmestre et de la Bernache de Hutchins obtenues à partir d’inventaires réalisés dans l’aire d’étude en 2018, 2019, 2022 et 2023. Je distinguerai le succès d’éclosion de ces deux espèces aviaires en fonction des caractéristiques physiques des îlots-refuges sur lesquelles elles nichent. Puis, pour mes deux objectifs, j’obtiendrai les densités annuelles des proies principales du renard à partir du trappage vivant de lemmings et du suivi des nids de Grandes oies des neiges dans des parcelles aléatoires.
Dans le cas où les proies principales du renard arctique sont abondantes, je m’attends à ce que l’augmentation de la distance à la berge et la profondeur d’eau entre l’îlot et la berge diminue le taux de prédation des nids artificiels et augmente le succès d’éclosion de la Bernache de Hutchins et du Goéland bourgmestre. Dans le cas contraire, où les proies du renard arctique sont peu abondantes, je m’attends à ce que l’augmentation de la distance à la berge et la profondeur d’eau entre l’îlot et la berge ait peu d’impact, voire pas d’impact, sur le taux de prédation des nids artificiels et sur le succès d’éclosion de la Bernache de Hutchins et du Goéland bourgmestre.