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Jeanne Léger

 

Étudiante 2è cycle

Département de géographie, Université Laval

Pavillon Abitibi-Price
2405 rue de la Terrasse
Université Laval
Québec
Québec, Canada
G1V 0A6

xxxxxxx
Jeanne.Leger@uqar.ca

 

 


 
 
 

Projet de recherche

Histoire postglaciaire de la végétation et des feux des hauts sommets dénudés le long d’un gradient latitudinal allant de la forêt boréale commerciale à la toundra forestière (Monts Groulx - Caniapiscau) au Québec

Introduction

Un processus d’ouverture graduelle des forêts s’opère en région boréale au Québec, depuis la pessière à mousses jusqu’à la toundra forestière. Les paysages plus ouverts vers le nord reflètent les interactions écologiques feux-climat-topographie-végétation se déroulant depuis quelques millénaires. Cette ouverture résulterait de feux devenus plus fréquents lors de périodes froides, ce qui entrave la régénération de l’épinette noire. Or, le processus semble s’être intensifié au cours des derniers siècles, et plus récemment au sein de la forêt commerciale. Ceci suscite des questionnements quant à l’aménagement durable des forêts dans le contexte des changements climatiques contemporains qui risquent d’altérer les processus écologiques qui gouvernent la résilience des paysages nordiques. Si la déforestation subarctique a été bien étudiée à la limite des arbres, on manque toutefois encore de connaissances plus au sud où le potentiel d’ouverture des forêts est important.

Objectifs

L’objectif principal de mon projet de maîtrise est de décrire et d’expliquer le processus de fragmentation des forêts ayant mené à la constitution de landes lichéniques pour quelques sites de hauts sommets répartis le long d’un gradient latitudinal en région boréale, des Monts Groulx jusqu’au réservoir Caniapiscau. Plus spécifiquement, je veux pour chacun des sites i) reconstituer l’histoire millénaire des feux ayant eu lieu sur les sommets et les forêts adjacentes se trouvant sur versants, ii) identifier les espèces ligneuses qui étaient présentes localement autrefois, et iii) dater l’époque de l’ouverture des forêts. L’atteinte de mes objectifs me permettra d’évaluer la période pendant laquelle la forêt de chacun des sites fut résiliente au régime de feux avant de basculer vers un milieu déforesté.

Sites d'étude

La région d’étude de mon projet correspond à un transect latitudinal d’environ 400 km qui s’étend de la région des Monts Groulx (domaine bioclimatique de la pessière à mousses) jusqu’à celle du réservoir Caniapiscau (transition entre les domaines bioclimatiques de la pessière à lichens et de la toundra forestière). Cette région se situe majoritairement au nord de la limite nordique des forêts attribuables. Les hauts sommets de quatre sites sont étudiés : les Mont Groulx, Fermont et Caniapiscau (Sud et Nord). Le modèle physiographique récurrent sur l’ensemble de la région d’étude consiste en 1) des sommets caractérisés par une lande lichénique (sans arbres), 2) des versants composés de forêts ouvertes d’épinette noire, et 3) des vallées peuplées de pessières noires à lichens ou de pessières à mousses, selon la latitude. Sur les hauts sommets de la forêt commerciale (Monts Groulx), les landes lichéniques alpines sont bordées de pessière d’épinettes blanches subalpines.

Matériel et méthodes

L’histoire plurimillénaire des feux sera reconstituée à l’aide des particules de charbons de bois de taille macroscopique (Ø > 2 mm) conservées dans le sol minéral. Ces charbons sont déposés localement lors d’un feu et enfouis in situ dans le sol. Ils résistent à la décomposition, se conservent durant plusieurs millénaires et témoignent de la présence des espèces ligneuses et du régime des feux passés. Pour les 4 sites à l’étude, trois positions topographiques (sommet, versant, vallée) seront étudiées. À chaque endroit, je vais quantifier la présence et l’abondance de particules de charbon de bois en prélevant 20 échantillons de 750 cm3 au sein d’une placette de 1000 m2. La végétation (herbes, mousses, lichens) ainsi que la présence et l’abondance d’espèces ligneuses sera notée à l’intérieur de chacune des placettes. En laboratoire, les charbons feront l’objet d’une identification taxonomique par l’anatomie microscopique du bois. Plusieurs pièces seront datées au radiocarbone.

Résultats attendus

Je vais tester l’hypothèse que les landes lichéniques des hauts sommets résultent d’un processus de déforestation par le feu ayant eu lieu pendant l’Holocène supérieur. Pour chacun des sites, mes résultats permettront de voir si les régimes de feux historiques furent similaires sur l’ensemble du gradient altitudinal, ou si les sommets ont été perturbés avec une fréquence plus élevée que les versants et vallées. La présence de l’épinette blanche, qui est une espèce intolérante aux feux qui se maintient dans les hauts sommets des Monts Groulx et de Fermont, pourrait indiquer un rôle plus modeste des feux et une ouverture d’origine climatique en haute altitude sur les sommets alors que l’épinette noire, qui domine les versants des collines de Fermont et Caniapiscau plus au nord, témoignerait de l’impact des feux dans ces environnements. Enfin, mon projet fournira des données sur les interactions climat-feu-végétation dans le contexte de création d’aires protégées par le gouvernement.

 
 
Localisation des sites de recherche
 
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