Envirotron
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Les pollinisateurs sont critiques au maintien de la majorité des écosystèmes terrestres et beaucoup d’angiospermes sont dépendants de la pollinisation animale afin de produire des fruits ou des graines. Les habitats convenables aux pollinisateurs sont dégradés par l’extraction de la tourbe, une importante industrie au Québec. Au Canada, la restauration écologique des tourbières après l’extraction de la tourbe s’effectue par le biais de la Méthode de transfert de la couche muscinale (MTCM), impliquant le remouillage et la propagation de bryophytes dans des tourbières post-extraction. Cette méthode est efficace pour obtenir un retour à des fonctions d’accumulation de tourbe et des communautés végétales typiques aux tourbières. Par contre, son succès concernant le maintien des communautés d’insectes pollinisateurs demeure inconnu. Cette étude permettra d’obtenir une meilleure compréhension de la MTCM et de la végétation requise pour rétablir les insectes pollinisateurs en tourbières.
L’objectif de ce projet est d’évaluer la qualité des habitats restaurés par la Méthode de transfert de la couche muscinale pour la conservation des insectes pollinisateurs. Cette étude compare la composition des espèces observées en tourbières restaurées avec celles observées en tourbières naturelles (non perturbées) et non restaurées (perturbées).
La collecte d’insectes a été effectuée dans une variété de tourbières : des tourbières ombrotrophes (à sphaigne) et quelques tourbières minérotrophes ont été considérées pour cette expérience. De ces tourbières, huit étaient non perturbées (écosystèmes de référence), sept étaient restaurées à l’aide de la MTCM il y a de cela plus de dix ans, et huit étaient non restaurées (post-extraction). Un total de 29 tourbières ont donc été considérées pour cette étude et se trouvaient pour la plupart dans le Bas-Saint-Laurent au Québec (20), et quelques-unes se trouvaient au Nouveau-Brunswick (9).
L’échantillonnage des insectes s’est étalé sur une période de trois ans, de 2018 à 2020. Chaque été (juin à aout), des pièges-bols remplis d’eau savonneuse étaient placés à chaque site d’échantillonnage. Les bols étaient déposés au sol, à tous les 5 m le long d’un transect de 150 m pour une période de 24 heures. Les insectes étaient ensuite récoltés. Cette étape était répétée trois fois par été pour un total de neuf efforts d’échantillonnage à chaque site. La température et l’humidité relative au sol ont également été mesurées. Les mesures de températures ont été obtenues à l’aide des données d’Environnement Canada. L’humidité a été mesurée à l’aide d’un WET-sensor le long des transects à la fin du printemps et à la fin de l’été 2021. La végétation dominante a été évaluée en utilisant un quadrat d’un mètre carré. À tous les 5 m le long des transects, le couvert végétal a été estimé selon quatre groupes distincts : les éricacées, les arbres et arbustes, les herbacées, et les bryophytes.
D’autres études focalisant sur la restauration des communautés d’insectes en milieux humides ont déterminé que le rétablissement des habitats en utilisant d’autres techniques de restauration a mené à un retour des pollinisateurs. En termes de la composition d’espèces, il est assumé que les similarités dans le couvert de végétation mènent à une similarité de la composition d’insectes. Il est supposé que puisque la végétation des tourbières restaurées est plus similaire à celle des tourbières naturelles que celles des tourbières non restaurées, les communautés d’insectes pollinisateurs dans des habitats restaurés seront plus similaires à celles des habitats naturels que celles des tourbières non restaurées. En termes d’abondance et de richesse, il est supposé qu’un plus grand couvert de végétation entomophile (éricacées, herbacées) va mener à une plus grande abondance et une plus grande richesse en insectes puisqu’il y a plus grande disponibilité de ressources florales.