Pavillon Abitibi-Price
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Québec
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Les tourbières sont des écosystèmes utilisés depuis longtemps pour reconstituer les conditions paléoenvironnementales régionales en raison des indicateurs biotiques et abiotiques préservés dans leurs sédiments organiques (p. ex. : grains de pollen, macrorestes végétaux, charbons de bois, insectes). Il est aussi possible, à l’aide de ces mêmes indicateurs, d’examiner les étapes du développement des tourbières comme la succession des régimes trophiques, et d’évaluer les rôles respectifs des facteurs allogènes (externes à la tourbière) autogènes (internes à la tourbière) dans cette succession. La tourbière du lac Joncas est la seule tourbière structurée par des mares sur le territoire de la Forêt Montmorency. Elle fut étudiée autrefois pour reconstituer l’histoire de la végétation régionale à l’aide de l’analyse pollinique. Elle avait livré une histoire d’environ 12 000 ans. Toutefois, aucune information n’est encore disponible concernant le développement de la tourbière.
L’objectif principal de mon projet de maîtrise est de reconstituer l’histoire de la tourbière du lac Joncas depuis son origine à l’aide de l’analyse paléoécologique d’une carotte sédimentaire. Plus spécifiquement, je vise à identifier les étapes de son développement (régimes trophiques) et la succession de la flore in situ. Avec ces informations et les autres données paléoenvironnementales disponibles à l’échelle régionale, je tenterai ensuite de voir la part respective des différents facteurs allogènes (essentiellement le climat) et autogènes (p. ex. : modifications des conditions hydrologiques en surface liée à l’accumulation de la tourbe) sur la dynamique à long terme de la tourbière. Enfin, puisque l’on trouve d’épais dépôts de matière organique sous forêt en périphérie de la tourbière, je déterminerai l’âge des arbres colonisant ces dépôts afin de voir si leur installation est un phénomène récent ou beaucoup plus ancien.
La tourbière du lac Joncas se trouve au sein du territoire de la Forêt Montmorency dans la réserve faunique des Laurentides, à une altitude de 747 m. Il s’agit d’une petite tourbière ombrotrophe (bog) ouverte à mares adossée à une prairie humide herbacée qui résulte du flottage de bois lors des années 1930. L’épaisseur des sédiments organique atteint 400 cm; ils consistent en de la gyttja (moitié inférieure) surmontée de tourbe. À la base, les sédiments reposent sur des silts argileux. La tourbière est en partie ceinturée par un carr (forêt sur tourbe) d’épinette noire. L’analyse pollinique d’une carotte de tourbe réalisée au début des années 1970 avait livré une histoire de la végétation régionale de plus de 12 000 ans, dont un épisode initial de toundra ayant précédé l’arrivée des premiers arbres. Le couvert forestier actuel du territoire de la Forêt Montmorency appartient au domaine bioclimatique de la Sapinière à bouleau blanc.
Une carotte sédimentaire sera prélevée au sein de la tourbière à l’endroit où l’épaisseur des sédiments sera la plus importante. Une carte de l’épaisseur des sédiments et de la topographie de la surface de la tourbière sera réalisée, en plus d’inventaires floristiques. En laboratoire, les sédiments feront l’objet d’une analyse macrofossile à haute résolution stratigraphique (2 cm) et temporelle pour reconstituer l’histoire de la végétation de la tourbière. Les sédiments seront aussi l’objet d’une analyse du contenu en matière organique et de susceptibilité magnétique. Le cadre chronologique s’appuiera sur environ 10 datations 14C pas SMA. En ce qui concerne le carr à épinette noire, plusieurs arbres seront échantillonnés au collet afin de déterminer leur âge minimal à l’aide de la dendrochronologie. L’épaisseur des cernes de croissance sera mesurée afin de voir s’il y a eu un lien entre la croissance des épinettes sur tourbe et le climat.
Colpron-Tremblay, J. & Lavoie, M. 2010. Long-term stand-scale dynamics of a boreal mixed forest in Québec, Canada. Review of Palaeobotany
Le Bagousse-Pinguet, Y., Gross, N., Saiz, H., Maestre, F.T., Ruiz, S., Dacal, M., Asensio, S., Ochoa, V., Gozalo, B., Cornelissen, J.H.C., Deschênes, L., Maire, V., Milla, R., Salinas, N., Wang, J., Singh, B.K., García-Palacios, P., 2021. Functional rarity and evenness are key facets of biodiversity to boost multifunctionality. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), 118(7), e2019355118. DOI: 10.1073/pnas.2019355118.