Campus de Rimouski
300 Allée des Ursulines
UQAR
Rimouski
Québec, Canada
G5L 3A1
418.656.2131 poste .
Ludovic.Landry-Ducharme@uqar.ca
Le désert polaire arctique est un milieu extrême, caractérisé par de très basses températures et une faible productivité primaire. Dans les environnements aussi pauvres et variables, la migration animale est une adaptation comportementale commune, notamment chez les oiseaux. Pourtant, ce phénomène est plutôt rare chez les mammifères terrestres. Le lièvre arctique, un des rares mammifères résidant de l’Arctique, possède de nombreuses adaptations lui permettant de persister dans cet environnement. En 2019, un mouvement automnal de masse a été décrit chez cette espèce à l’île d’Ellesmere. Cela semble indiquer que les mouvements du lièvre jouent un rôle important dans sa capacité à persister dans ce milieu. Dans le contexte actuel de perturbations climatiques et anthropiques affectant l’Arctique, la compréhension du rôle du mouvement dans les stratégies de survie des espèces qui subissent ces changements radicaux revêt une importance particulière.
L’objectif général de mon doctorat est de comprendre comment les mammifères herbivores utilisent le mouvement pour persister dans les environnements les plus hostiles de la planète. J’utiliserai comme modèle d’étude le lièvre arctique et chercherai à comprendre les stratégies de mouvement qui lui permettent de survivre dans le désert polaire canadien. J’adopterai une approche en 3 temps, selon les principales phases du cycle vital de l’espèce : la reproduction estivale, les migrations automnale et printanière, et la résidence hivernale. Ainsi, mes objectifs spécifiques sont les suivants: 1) Comprendre les stratégies d’utilisation de l’espace pendant l’été polaire, période de reproduction et d’abondance de ressources. 2) Identifier les facteurs individuels et environnementaux expliquant les trajets migratoires. 3) Décrire l’utilisation de l’espace des individus durant l’hiver polaire, période à laquelle les conditions environnementales posent le plus gros défi à la survie.
J’étudierai la population de lièvres arctiques qui se reproduit aux alentours de la Station des Forces canadiennes Alert, au nord-est de l’île Ellesmere (Nunavut). L’écosystème et les conditions climatiques y sont typiques du désert polaire, avec une très courte période estivale sans gel et très peu de précipitations. La région aux alentours de la station est accidentée et vallonnée, composée de nombreux plateaux entourés de ravins et de canyons. En hiver, les mouvements des lièvres les amènent à se disperser à travers le nord-est de l’île d’Ellesmere (Nunavut), jusqu’au Lac Hazen, au milieu du Parc national du Canada Quttinirpaaq. La région entourant le Lac Hazen est une oasis thermique et se distingue du reste de l’île par un relief moins accidenté, un apport supérieur en eau s’écoulant des glaciers et un climat plus doux et plus humide, le tout occasionnant une végétation plus riche.
Durant la saison de terrain, j’analyserai les mouvements, l’activité et les comportements d’individus au fil de l’été en tenant compte des caractéristiques individuelles et environnementales. Au début de la saison, je munirai des individus de colliers munis de GPS et accéléromètres pour enregistrer des données plusieurs fois par heure durant l’été. À la fin de l’été, je munirai d’autres individus de colliers pourvus de GPS et accéléromètres capables de transmettre par satellite les données récoltées toutes les heures. Je complèterai mon jeu de données avec des informations environnementales acquises par télédétection (élévation, pente, neige au sol, production primaire annuelle). Les colliers posés en fin d’été fourniront aussi des données durant l’hiver. J’analyserai le degré d’activité et les mouvements des individus en regard des caractéristiques individuelles et environnementales.
Mon projet fera avancer des objectifs novateurs selon la littérature récente, et ce en combinant un système d’étude presque inconnu à des approches méthodologiques à la fine pointe de la technologie. Mon doctorat éclairera ainsi à la fois l’écologie de la migration chez les mammifères terrestres et le fonctionnement des communautés vertébrées du Haut Arctique. Le milieu de vie extrême et les caractéristiques uniques du lièvre arctique en font un modèle particulièrement intéressant pour étudier les adaptations des mammifères aux conditions environnementales difficiles.