Campus de Rimouski
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UQAR
Rimouski
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La forêt boréale est considérée comme étant le biome le plus vaste du Canada. En plus d’y retrouver une importante industrie forestière, la forêt boréale comprend une répartition importante du caribou (Rangifer tarandus caribou) des bois sur l’ensemble de son territoire commercial. Au Québec, le caribou des bois (écotype forestier) fut reconnu comme espèce vulnérable en 2005. Depuis, de nombreux efforts de recherche ont été mis en place afin d'identifier les liens entre le développement anthropique et le déclin de la vaste majorité des hardes de caribou du Québec. En effet, le déclin des hardes de caribou des bois au Nord-du-Québec mettrait en cause la perte d'habitat suite aux coupes forestières ainsi qu'aux chemins forestiers mis en place.
Mon projet de maîtrise a comme objectif de comprendre la dynamique de végétalisation et l'utilisation des chemins forestiers par les proies alternatives (orignaux) et prédateurs (loup gris, ours noir) du caribou des bois (écotype forestier) dans une optique d’aménagement durable de la forêt boréale commerciale. Ainsi, nous développerons une meilleure compréhension du rôle des divers types de chemins forestiers et de leur fermeture par le couvert végétal sur la pression de prédation affectant les caribous, dans le temps et l’espace. Un projet de gestion du réseau routier pourra être mis en place afin d'atténuer la pression de prédation et freiner le déclin démographique des populations locales de caribou des bois du Nord-du-Québec. Ce projet en partenariat avec l’industrie forestière et le MFFP permettra d’améliorer la conservation de l’habitat essentiel du caribou tout en gardant en tête l’optimisation de l’approvisionnement forestier au Québec.
Des sites seront sélectionnés aléatoirement dans la forêt boréale de conifères du nord-ouest du Québec (Canada), sur le territoire soumis à l’accord de la Paix des Braves. Plus précisément, la zone d’étude sera située à la jonction entre les aires de répartition de deux des trois populations principales de caribous des bois de cette région, soit Assinica et Temiscamie. Ceci permettra de couvrir deux catégories de chemin forestier : les chemins de classe 4 (extrémité des embranchements) et les chemins d’hivers. Ces derniers comptent pour la plus grande proportion de chemins forestiers et sont donc d’une importance majeure.
Un réseau de caméras de surveillance automatisées permettra l’évaluation non invasive du niveau d’utilisation des tronçons de chemin par les prédateurs du caribou, les orignaux et les humains (étés 2021-2022). La densité locale d’individus de chaque espèce sera ensuite mesurée par un modèle d’estimation basé sur l’utilisation des caméras, soit le REM (Random Encounter Model). À chaque photo, la date et l’heure, la direction du mouvement, l’espèce, le sexe et la classe d’âge seront notés. Le nombre d’individus de chaque espèce sera mis en relation avec la densité locale de l’espèce, le temps (année et jour Julien), les conditions météorologiques, les caractéristiques du tronçon et l’achalandage par les véhicules. Des analyses statistiques (Régressions mixtes de Poisson et autres) permettront de déterminer si l’utilisation des chemins par les prédateurs est permanente ou non, si elle dépend 1) du type de chemin, 2) du temps depuis sa construction et 3) du degré de végétalisation.
Nous émettons l’hypothèse que la fréquence des mouvements des prédateurs du caribou des bois dans les territoires aménagés diminue en fonction du degré de végétalisation des chemins forestiers. Les résultats de ces travaux seront critiques pour le maintien et l’amélioration de la capacité concurrentielle de l’industrie canadienne sur les marchés internationaux, considérant que la conservation d’une espèce menacée charismatique comme le caribou des bois fait partie des exigences de la certification forestière.