Autre
Université de Montréal
Montréal
Québec, Canada
5147465623
eva.thevenin@umontreal.ca
Ma maîtrise s’inscrit dans un projet du Canadian Mountain Network qui étudie les émissions de poussière provenant des régions alpines et évalue leur impact sur le paysage périglaciaire. Les dépôts éoliens hissent le niveau du sol ce qui est généralement suivi par l’élévation du plafond du pergélisol. Les poussières minérales apportent de nouveaux éléments chimiques au sol, affectant la croissance de la végétation ainsi que la production de matière organique. Cette sédimentation éolienne et organique syngénétique est suivie par la formation de glace d’aggradation dans la partie supérieure du pergélisol nouvellement formée. Cette glace augmente la résistance thermique du pergélisol, du fait de sa chaleur latente. Mon projet vise à déterminer dans quelles mesures les dépôts éoliens de poussière minérale affectent les dynamiques de pergélisol. Le but est donc d’évaluer l’impact des processus locaux sur la dynamique du pergélisol dans un contexte de réchauffement global des températures.
Pour mesurer l’impact des dépôts de poussière sur le pergélisol, deux objectifs sont formulés :
Le site d’étude se situe au Sud-Ouest du Yukon, en zone de pergélisol discontinu à sporadique à Łhù’ààn Mân (Kluane Lake). Dans cette zone, le glacier Kaskawulsh s’est progressivement retiré, ce qui a été associé au changement de direction de drainage de la rivière pro-glaciaire Ä’äy Chù (Slims River), et à la large expansion du delta à Kluane Lake. En conséquence, les sédiments fluvio-glaciaires et deltaïques ont rapidement été exposés et les périodes d’émission de poussière étendues, via le transport par les vents locaux. Ainsi, le paysage hérité de plusieurs milliers d’années de formation se modifie avec le retrait du glacier, le transport et la sédimentation éolienne des poussières minérales. Le site au Yukon permet l’observation de ce phénomène se produisant actuellement de façon plus importante en réponse aux changements climatiques, ailleurs au Canada nordique et dans le monde circumpolaire.
Le but est d’identifier si les variables associées à la sédimentation éolienne et à l’accumulation de matière organique affectent les propriétés du pergélisol de la vallée. Les données étudiées seront essentiellement issues d’échantillonnage du pergélisol par forage (2 m de profondeur) et de sa couche active, sur 10 sites et 3 réplicats (n = 30). Pour chaque site, les forages se feront en milieu avec végétation et sans végétation pour intégrer la matière organique. Huit sites sont répartis dans la vallée, entre la langue glaciaire du glacier Kaskawulsh et le lac. Deux sites de contrôle se trouvent en dehors de la vallée et de la zone de dépôts de poussière. Les échantillons seront analysés dans le but d’obtenir des données, entre autres, d’épaisseur des dépôts éoliens, de cryostructure (organisation de la glace et des sédiments dans le sol), de teneur en glace et en matière organique, de porosité, de conductivité thermique, de granulométrie, de minéralogie et de géochimie de la glace.
Il est d’abord attendu de déceler si le plafond de pergélisol a migré dans la couche de dépôts éoliens ou bien si la couche active s’est épaissie. Il sera ainsi possible de déterminer si le pergélisol de la vallée est stable, en dégradation ou en aggradation, et s’il varie selon les conditions locales telle que la présence de matière organique. Ensuite, nous espérons déceler une évolution de la cryostratigraphie dans la vallée, qui suivrait un gradient de déposition éolienne des sédiments plus importante au fur et à mesure que l’on se rapproche de la zone distale, à proximité du lac. Enfin, la cryostructure devrait également évoluer en fonction de la teneur en matière organique.