Pavillon Abitibi-Price
2405 rue de la Terrasse
Université Laval
Québec
Québec, Canada
G1V 0A6
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La présence des humains et les activités qu’ils pratiquent ont pour effet de modifier l’environnement; le peuple autochtone présent en Arctique depuis des milliers d’années n’y fait pas exception. L’humain n’est cependant pas le seul à influencer les écosystèmes; le climat joue un rôle majeur dans la dynamique naturelle des écosystèmes. Grâce à une approche paléoécologique (analyse macrofossile) combinée à l'étude de l'ADN ancien (ADNa) contenu dans les environnements anciens, il est possible de recueillir des informations afin d’évaluer la réponse des écosystèmes face aux changements climatiques et anthropiques.
Mon projet de maitrise a pour objectif principal de déterminer l’impact du climat et de l’humain lors du dernier millénaire sur l’évolution de tourbières à palses dont certaines sont situées près de sites archéologiques Inuits alors que d'autres sites se trouvent dans des milieux "témoins" où aucun site archéologique n'a été identifié. Les objectifs spécifiques sont: 1) Reconstituer la succession des espèces végétales sur le site d’étude et dater l’établissement du pergélisol dans la tourbière qui a induit la formation des palses; 2) Établir des relations entre l’évolution génétique des espèces végétales présentes sur le site et les variations climatiques prononcées du Petit Âge glaciaire; 3) Déterminer si l’impact anthropique des occupants (Inuits historiques) des maisons situées à proximité de certaines tourbières, était suffisamment marqué pour influencer la végétation ainsi que la génétique des plantes.
Les palses à l'étude se trouvent au Labrador, plus précisément sur l’île d’Aulatsivik (56° 45′ 51″ N, 61° 30′ 59″ W), dans la baie de Nain, sur de vastes terrasses de 4-5 m d’altitude par rapport au niveau marin relatif actuel. Cette île se situe à la transition du Subarctique et de l’Arctique et son climat est typique des toundras arctiques. De même, d'autres pales situées à différentes altitudes sur l’île d’Aulatsivik ainsi que sur Dog Island sont à l’étude dans le but de comparer la date de la formation des palses à l'échelle de la région. Cette région d’étude est une des principales régions d’étude du programme ANR InterArctic (ANR, France-Québec) et du Groupe de Recherche en Archéométrie l'Université Laval (FRQSC-équipe).
Afin de mener à bien ce projet, des relevés topographiques de la zone à l’étude sont effectués l’aide d’un DGPS (Differential Global Positioning System). S’en est suivie la réalisation d’un relevé de la végétation de surface des palses et de leur périphérie. Des analyses en laboratoire seront réalisées ; elles incluent l’analyse de macrorestes végétaux issus des carottes échantillonnées des tourbières à palses. Le traitement se fera selon la méthode Bhiry et Fillion (2001). Par ailleurs, des sous-échantillons seront traités au laboratoire génétique ECOBIO (U. Rennes 1, France) pour l’extraction de l’ADN ancien. Finalement, des datations de 14C seront réalisées afin d’établir un cadre chronologique le plus précis possible de l’évolution temporelle de l’écosystème.
Grâce aux résultats obtenus à l’aide de cette étude, il est envisagé d’établir la période de formation des palses à l'échelle régionale. De plus, il sera possible de déceler l’impact de l’Optimum Climatique Médiéval (1000-1400) et du Petit Âge Glaciaire (1400-1850) sur la dynamique de la végétation. Finalement, nous pourrions déceler les traces de l'impact anthropique sur la végétation à travers les macrorestes présents dans la tourbe. Des plantes nitrophiles comme Montia Fontana, peuvent avoir été favorisées.