Pavillon Paul-Comtois
2425 rue de l'Agriculture
Université Laval
Québec
Québec, Canada
G1V 0A6
418.656.2131 poste 6340
christine.isabel.1@ulaval.ca
Au Canada, 90% des milieux humides sont des tourbières et elles se situent majoritairement dans la forêt boréale (Groupe de travail national sur les terres humides, 1997). Ces écosystèmes font face à des perturbations anthropiques nombreuses. En Alberta, une des perturbations des tourbières est l’extraction du bitume des sables bitumineux (Schneider et Dyer, 2006). Notamment, la construction d’infrastructures telles que des puits d’exploration, des plateformes d’extraction et des chemins d’accès est nécessaire pour l’extraction du bitume. Ces structures sur les tourbières engendrent la perte de plusieurs fonctions remplies par l’écosystème naturel, dont la perte et la fragmentation d’habitat et la diminution de la biodiversité (Schneider et Dyer, 2006). En outre, la présence de routes modifie les patrons de circulation de l’eau dans les tourbières en créant des effets de barrage et en altérant l’intégrité physico-chimique du milieu (Neilsen et al., 2012).
Mon projet de maîtrise vise à évaluer différentes méthodes de restauration d’une tourbière perturbée par une route de substrat argileux qui servait de chemin d’accès pour l’extraction du bitume in situ dans la région de Fort McMurray, en Alberta. Les objectifs du projet sont de: 1) restaurer, sur l'ancienne route, la circulation de l’eau et les conditions hydrologiques propices à la réintroduction des communautés végétales cibles; 2) rétablir une communauté végétale dominée par les sphaignes sur le substrat organique; 3) déterminer si la méthode utilisée permet de limiter la contamination en éléments nutritifs des éléments provenant du matériel minéral de la route de surface qui aura été enfoui durant le processus de restauration.
Le site d’étude de ce projet se situe près de Fort McMurray, en Alberta. La route qui servait anciennement de chemin d’accès jusqu’au site d’extraction du bitume a été construite à l’aide d’argile et empiète sur une tourbière dominée par les sphaignes. C’est un tronçon de cette route, de 200 mètres de longueur, qui est utilisé pour tester différentes techniques de restauration de la tourbière perturbée par le chemin minéral.
Lors de la restauration, une couche d’argile a été retirée et remplacée par de la tourbe afin de rétablir un substrat organique similaire au milieu naturel adjacent. L’évaluation du retour des conditions hydrologiques sera effectuée par la prise de mesures du niveau d’eau et d’humidité du substrat. Afin de rétablir une communauté végétale similaire au milieu naturel adjacent, du matériel végétal sera introduit sur la tourbe selon une adaptation de la Méthode de transfert de la couche muscinale (Quinty et Rochefort, 2003). De plus, l’effet de la fertilisation sera évalué par le taux de succès d'établissement des plantes qui indiquera la nécessité de cette étape pour l’établissement des communautés végétales. Enfin, les paramètres physico-chimiques seront mesurés à différentes distances de la route restaurée dans le but de déterminer si la méthode utilisée permet de limiter la contamination en éléments nutritifs des éléments provenant du matériel minéral sous-jacent de la route.
Ce projet permettra de comparer les méthodes employées pour le retour des conditions hydrologiques adéquates, l’établissement des communautés végétales dominées par les sphaignes et le confinement des éléments nutritifs afin de sélectionner la meilleure option à appliquer. Les résultats de cette recherche serviront à améliorer les techniques de restauration des tourbières, particulièrement dans le cas de perturbations linéaires d’origine minérale. Les techniques développées pourront être utilisées dans le contexte de l’industrie pétrolière de l’Alberta puisque les chemins d’accès vers les sites d’extraction sont nombreux et elles seront utiles pour le secteur de l'industrie forestière.
Groupe de travail national sur les terres humides, 1997. Système de classification des terres humides du Canada. Centre de recherche sur les terres humides, Warner, B. G., et C. D. A. Rubec, 2e éd., Université de Waterloo, Waterloo, Ontario, Canada, 76 p.
Joosten, H. et D. Clarke. 2002. Wise use of mires and peatlands - Background and principles including a framework for decision-making, International Mire Conservation Group and International Peat Society. 304 p.
Quinty, F., Rochefort, L. 2003. Guide de restauration des tourbières, 2e éd. Association canadienne de mousse de sphaigne et Ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick. Québec, Québec. 119 p.
Schneider, R. et S. Dyer, 2006. Death by a Thousand Cuts: Impacts of in situ oil sands development on Alberta’s boreal forest. The Pembina Institute and the Canadian Parks and Wilderness Society, Edmonton. 50 p.